L’ego est un concept complexe, souvent perçu comme un aspect négatif du leadership.
Cependant, il est essentiel de comprendre que l’ego n’est ni strictement bon ni strictement mauvais. Il peut être un allié ou un ennemi du dirigeant en fonction de la manière dont il est géré.
Nous allons ici explorer l’impact de l’ego sur la prise de décision et comment les dirigeants peuvent en tirer profit de manière constructive.
Apprendre à en tirer profit de manière constructive et intelligente est l’un des enjeux fondamentaux des dirigeants et managers actuels.
Que nomme-t-on par le mot ego ?
Le mot vient du matin « ego » qui veut dire « moi ».
Ce mot désigne selon les auteurs la conscience de soi d’une personne, comment elle se représente et ce qu’elle croit être. C’est souvent la première lecture que l’on fait de sa personnalité et qui se perçoit par nos différences avec les autres. L’ego s’exprime en particulier dans le « moi je… ». C’est aussi la conscience de sa séparation des autres, voire de son unicité.
La reconnaissance de l’ego comme une partie importante de la personnalité a permis le développement du sentiment d’individualité de la personne lui apportant autant confiance et reconnaissance que l’inverse si la comparaison à l’autre est disqualifiante.
Quand elle est vu péjorativement, on dit de l’autre « il a la grosse tête » et on verra que cet aspect de notre construction psychologique est très importante, nécessaire quand elle est utilisé à bon escient et dans l’équilibre et le non jugement. En philosophie c’est le sujet pensant ou l’objet de la conscience.
Bien que souvent l’ego a besoin d’être flatté, reconnu, il contribue à l’engagement, la motivation et la fierté. S’il y a confusion entre son ego et ce que l’on pense « être », il peut être blessé, affecté jusqu’au traumatisme psychologique et émotionnel avec son cortège de conséquences, la dévalorisation, le sentiment d’infériorité ou, en excès inverse, de supériorité.
Dans la théorie psychanalytique de Sigmund Freud, l’ego est synonyme de Moi. L’ego est une partie de l’appareil psychique, qui s’oppose au surmoi et au Ça.
On associe la notion d’ego à l’égoïsme, l’orgueil et la vanité qui, selon les traditions, sont vus comme des défauts alors qu’ils sont des états très utiles selon le contexte.
Quand notre ego est notre ennemi
Lorsque l’ego devient excessif et démesuré, il peut devenir un obstacle à la prise de décision éclairée. Les dirigeants qui laissent leur Ego prendre le dessus peuvent devenir arrogants, résistants aux critiques et fermés aux idées et aux opinions des autres et considérer que seuls les leurs idées, visions, points de vue, décisions, sont valables.
L’ego excessif peut également conduire à des décisions impulsives et à un manque de prise de recul. Les dirigeants qui sont trop sûrs d’eux-mêmes peuvent négliger les données et les avis qui contredisent leurs propres croyances, ce qui peut entraîner des erreurs coûteuses.
Un ego surdimensionné a plusieurs autres inconvénients :
- Se retrouver seul face au risque. Il n’y a pas de place pour les autres.
- N’être entouré que par des exécutants soumis. Mais c’est aussi se priver du meilleur de ses associés ou collaborateurs.
- S’entêter à suivre une mauvaise piste avec à la clé des situations irrattrapables.
Comment s’exprime l’ego ?
Quelques stratégies bien rodées d’un ego excessif
- Sentir et croire qu’on est plus ceci ou cela que les autres, ou mieux (sentiment de supériorité) et que l’on est le seul capable d’avoir la bonne vision ou la bonne décision. Cela débouche le plus souvent sur vouloir avoir raison à tout prix ou se vanter.
- Se sentir incompris et avoir besoin de reconnaissance, ce qui débouche sur une attitude de contrôle sans partage.
- Se sentir contrarié à chaque opposition ou différence de point de vue, et en retour, avoir envie de contrarier ou se faire passer pour la victime, ce qui a comme conséquence de faire entrer tous les protagonistes dans un jeu de type triangle dramatique de Karpman (victime-bourreau-sauveur).
- Mentir pour se protéger ou se valoriser jusqu’à faire se sentir coupable ses contradicteurs et ne pouvoir accéder à l’intérêt exploitable de leur avis.
La manifestation de l’égo dans sa version délétère est signe de peur, de manque de confiance en soi, d’insécurité fondamentale et se traduit de façon excessive par du jugement, de la critique, de la comparaison, etc.
Voici quelques pistes pour changer la donne.
Tirer profit de son égo de manière constructive
Pour un dirigeant, il est essentiel de trouver un juste équilibre entre l’ego et l’humilité. Voici quelques conseils pour tirer profit de manière constructive de l’ego en tant que dirigeant :
- Cultiver la conscience de soi : Soyez conscient de votre propre ego. Identifiez les moments où il peut influencer vos décisions de manière négative. Soyez ouvert à l’introspection et à l’amélioration personnelle. Faites-vous accompagner pour vous connaitre ou suivez des séminaires de développement personnel.
- Identifier les sujets et situations où vous ressentez une remise en question de votre intégrité intellectuelle ou votre sentiment identitaire : Faites-en la liste et apprenez à les accepter comme des feedback utiles et aidants sur le chemin de la réussite.
- Organiser la remise en cause de ses choix, sans en douter et sans en sentir une attaque personnelle à de son identité de dirigeant: L’objectif de cette façon de se gérer est de s’assurer qu’il n’y a pas de meilleure idée que la sienne et de développer le mindset du dirigeant pragmatique qui met vraiment la réussite de son activité avant la satisfaction de sa fierté d’homme ou de dirigeant. Apprenez les techniques de mise à distance ou de prise de recul émotionnel et représentationnel. Apprenez à ne plus réagir à chaud, à différer vos réponses, à prendre du temps pour réfléchir, à confronter votre avis à d’autres avis et enfin, à prendre vos décisions sur le mode action plutôt que réaction.
- Apprendre à canaliser et gérer ses affects et émotions : Sortez de l’emprise et le dictat de vos réponses automatiques incontrôlées face à la contradiction, l’opposition, la différence. Formez-vous à l’intelligence émotionnelle et relationnelle. Apprenez à distinguer vos comportements et vos émotions de votre identité. Ce que vous faites n’est pas vous, ce que dit votre interlocuteur ne le résume pas non plus au plan identitaire. C’est juste un fait, une situation, une expression, dont il faut savoir tirer le meilleur même si la forme apparente est inappropriée. Arrêter de prendre de qui vient de l’extérieur comme une agression. Apprendre à vivre en paix avec sérénité, en sécurité avec soi-même et son environnement, s’apprend et se développe avec de l’entrainement.
- Solliciter des avis extérieurs : Entourez-vous de personnes qui sont prêtes à vous donner un retour d’information honnête. Écoutez les points de vue divergents et considérez les sérieusement. Allez les solliciter. Avoir l’information ne vous empêchera jamais de prendre votre décision, même celles qui ont des conséquences négatives.
- Faire appel à un coach de dirigeant : C’est l’une de ses fonctions, être le Fou du Roi pour vous prémunir de votre ego de façon totalement confidentielle. Engagez-le en conscience pour vous aider à rester en recul et vous prémunir de vos excès réactionnels. Il sera pour vous un miroir intelligent, bienveillant et sans concession. Et si, au début, c’est désagréable mais qu’il vous aide à garantir la réussite, posez-vous la question : qu’est-ce qui est le plus important, la réussite ou ma fierté personnelle, prendre la bonne décision ou ne pas perdre la face.
- Rester ouvert à l’apprentissage : Reconnaissez que le leadership est un voyage d’apprentissages constants. Soyez prêt à remettre en question vos propres croyances et à vous adapter aux nouvelles informations et aux nouvelles situations.
- Développer l’empathie, pratiquer l’art de se mettre en seconde position de perception, en observateur neutre et en position neutre sans affect personnel : Comprenez les perspectives des autres. L’empathie peut aider à atténuer l’impact de l’ego sur les relations et les décisions.
L’ego en tant qu’allié
Avoir conscience de soi, de ce qui est important, ses valeurs, ses forces, ses dons, ses talents, ses réussites et ses faiblesses, ses failles, ses échecs, est la base de tout changement et amélioration. Les ignorer ou les surévaluer amène à répéter les erreurs que les excès font faire. Aussi un ego assumé, sain et équilibré est un atout pour un dirigeant. Il peut être source de motivation, d’ambition et de confiance en soi. Les dirigeants dotés d’une dose saine d’ego ont souvent la conviction nécessaire pour prendre des décisions audacieuses et pour diriger leur entreprise avec assurance.
L’ego peut également être un moteur pour l’innovation et l’amélioration. Les dirigeants qui ont confiance en leurs capacités sont plus enclins à remettre en question le statu quo, à explorer de nouvelles idées et à repousser les limites de la créativité.
Les utilités de l’égo :
- Être dirigé par une force de conviction
- Avoir un outil de mesure pour évaluer les propositions qui vous sont faites
- Pouvoir en conscience et en toute responsabilité assumer vos choix sans jamais avoir recours à la responsabilisation ou l’accusation de l’autre, ni d’être victime
- Pouvoir considérer les événements et situations comme des faits, sans affects, et les traiter avec toutes les données de l’équation sans perturbation par ses émotions
- Être en posture de prendre des risques parce que l’ego est un moteur lorsqu’on l’utilise dans le sens de la réalisation de ses visions, ambitions et rêves. Les plus grand entrepreneurs comme Steve Job, Elon Musk se sont appuyés sur leur ego pour fournir l’intensité créatrice qui les a amenés au sommet.. Quand un avion en vol a un accident qui entraine une dépressurisation de la cabine, les masques à oxygène tombent et le reflexe préconisé est d’abord de se sécuriser en mettant le masque sur son nez avant de penser à secourir son voisin. Si on fait le contraire deux personnes risques de mourir.
- Il n’y aurait pas de création artistiques sans un ego en action de la part de l’artiste
- L’égo est la marque des personnes qui font les grand évènements. Churchill était connu pour avoir un ego démesuré. C’est lui qui savait ce qu’il fallait faire et dans des situations aussi dramatiques et urgentes, heureusement que ce genre de personnalités soient aux commandes.
En conclusion
L’ego est un facteur complexe dans la prise de décision et le leadership.
Il peut être un atout ou un obstacle en fonction de la manière dont il est géré et dosé.
Les dirigeants qui sont conscients de leur ego, qui restent ouverts à l’apprentissage et qui cultivent l’humilité, sont mieux préparés à prendre des décisions éclairées et à diriger leur entreprise vers le succès.
Trouver le juste équilibre entre confiance en soi et humilité est essentiel pour tout dirigeant souhaitant maximiser son impact. Il s’agit d’une véritable intelligence qui vient étayer l’idée que, pour réussir pleinement dans le monde des affaires, il est nécessaire de développer plusieurs intelligences, dont l’intelligence intra personnelle et relationnelle, combinée à l’intelligence du business.
Avez-vous suffisamment de conscience, de recul et de sagesse pour valoriser votre égo comme une compétence intéressante sans pour autant vous faire piéger par lui ?
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